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Page:Pert - L Autel.djvu/334

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Suzanne face à face avec madame de Mamers, se trouvait là !…

Et, avant qu’il eût pu prendre un parti, essayer de fuir, de se cacher, la jeune femme avait paru sur le seuil de la chambre. Robert se sentit défaillir.

Pâle, se soutenant à peine, elle considéra pendant une seconde, avec une affreuse angoisse, son mari — celui qu’elle avait tant aimé, pour lequel elle avait tout sacrifié d’elle !…

Puis, se tournant vers l’antichambre, elle appela, à la fois vindicative et pleine de détresse :

— Henriette !… Venez ici, et constatez !

Madame Féraud en grand deuil, très grave, se silhouetta dans l’embrasure de la porte.

Son regard glacé réprobatif, profondément répugné, vint souffleter le jeune homme, qui rougit, percevant cruellement, durant le temps d’un éclair, toute l’ignominie de son acte et de sa situation.

Du reste, son attention revint aussitôt à Suzanne, qui chancelait, étourdie ; d’un geste prompt, elle la soutint.

— Venez, retirons-nous, dit-elle avec une tendresse pleine de compassion.

Revenu à lui, Castély s’habillait avec rapidité.

— Suzanne ! je te jure ! commença-t-il, voulant se disculper, avouer l’abominable servage, convaincu que la jeune femme lui pardonnerait mieux une bassesse qu’une infidélité passionnelle : elle avait suivi de si près ses luttes et ses souffrances !…

Mais la vue de madame de Mamers qui les épiait l’arrêta. Il fallait encore ménager celle-là !…

— Remontons chez nous, dit-il avec décision. Nous nous expliquerons mieux qu’ici, et plus décemment !

Et ce fut lui qui ouvrit la porte de l’appartement pour laisser passer Suzanne au bras d’Henriette Féraud, qui