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Page:Pert - L Autel.djvu/50

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rotin et s’éloigna sans bruit, d’un pas élastique et prompt. Sa figure immuable, ses yeux d’émail surveillaient pourtant avec une attention de bête de proie les visages féminins d’alentour, dont quelques-uns laissaient paraître leur admiration chatouillée pour ces êtres étranges, valets aux cheveux de femme et aux couronnes de rois.

Sans cesse des partants, des arrivants. Beaucoup de femmes, de jeunes hommes assez nombreux ; tous les mondes. Provinciales avec des enfants et d’innombrables petits paquets, lunchant copieusement, vidant avec soin les théières et les sucriers, avec des coups d’œil avides autour d’elles, pour surprendre les « secrets de la vie parisienne » ; demi-mondaines désœuvrées, attendant vaguement l’occasion ; premiers rendez-vous embarrassés et trépidants ; vieilles liaisons amicalement affectueuses qui se contentaient d’une heure de causette dans une atmosphère agréable ; petites jeunes filles venues en cachette, bourrant de thé et de cakes leur « promeneuse » britannique, tandis que, « par hasard », leur flirt s’installait à la table voisine et que l’on bavardait, les chaises se rapprochant insensiblement. De-ci, de-là, des groupes, hommes et femmes, causaient, sérieux, soucieux sous leur masque de paix ou de légèreté. Ici et là, se nouaient des affaires, se jouaient des drames, se vendaient des consciences, des femmes, des diamants vrais ou faux.

Justement, non loin de Mady, un individu étalait des pierres brillantes dans une soucoupe, d’un doigt agile, pendant que deux femmes et un homme mis avec opulence, visiblement étrangers, exprimaient leur admiration par des exclamations gutturales.

Robert tressaillit imperceptiblement ; une petite sueur perla à son front ; son estomac se contracta d’une crampe douloureuse. Il eut un geste dépité.

— Suis-je stupide d’avoir un trac pareil.