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Page:Pert - L Autel.djvu/63

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pre destinée et la femme dont lui, Robert, à cette heure, sentait contre son bras la tiédeur, percevait presque les battements du cœur, dans une chair qu’il devinait émue.

Il eut inopinément un cri amer, où s’exhalait toute son humiliation d’écrivain, toute son obscure jalousie masculine.

— Ah ! si j’avais de l’argent !… Si j’avais pu trouver quelque combinaison pour tenter seul l’affaire !… Mady répondit à voix basse, tremblant d’un regret immense :

— Puisque c’est impossible !…

Ils retombèrent dans le silence ; ralentissant le pas, avec, à présent, une sorte d’appréhension de se quitter.

Cependant, ils arrivèrent au but. Rue Fontaine, ils se désunirent et se regardèrent en face.

Robert prit la main de Madeleine.

— Alors, je vous laisse ? fit-il avec une singulière interrogation.

Une vive rougeur monta aux joues de la jeune fille. Elle retira avec précipitation sa main de l’étreinte prolongée de l’écrivain.

— Sans doute ! fit-elle, la voix brève.

Il n’insista pas, semblant rentrer en lui-même. Et, ce fut d’un accent changé, redevenu indifférent et banal qu’il demanda :

— Où et quand est-ce que je vous revois ?

Chez elle, le trouble persistait, s’aggravant, même ; elle balbutia : Je vous écrirai…

Et, elle s’enfuit dans l’allée sombre, où il ne songea point à la suivre.

Au contraire, le désir de se retrouver près de Suzanne reprit Robert dès qu’il demeura seul.