Page:Pert - L Autel.djvu/72

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finale. Mady le tenait au courant par des « petit bleus » envoyés coup sur coup… Le traité avec Joseph-Pol de La Boustière était définitivement signé, le bail de la salle fait, les engagements d’artistes accomplis. On devait s’être réuni le jour même, au théâtre, pour la distribution des rôles des deux pièces d’ouverture : celle du commanditaire et celle de Castély.

— Et tu n’y étais pas ? s’écria Julien.

Une ombre de contrariété au front, Robert constata :

— Non !… Ah ! j’espère que le drame intime que nous jouons ici sera bientôt terminé, sans quoi le mien dégringolerait.

L’accent avec lequel il prononça ces paroles montrait à quel point la causerie dans laquelle Dolle l’avait entraîné avait changé le cours de ses idées.

À son tour, profondément heureux de la réussite de son ami, rajeuni par ses propres espérances, Julien Dolle confia, du ton qu’il avait jadis au collège auprès de son inséparable :

— Ah ! mon cher vieux, cela serait drôle si la chance, après nous avoir boudé si longtemps, après nous en avoir fait voir de si dures, nous souriait à la même heure, et presque de la même façon ! Ce soir, oui, tu peux voir que sous mon pardessus je suis en habit, — j’ai rendez-vous chez madame Galletier, avec un individu qui va peut-être me donner les moyens de rendre mon rêve tangible…

— Ta clinique ?… s’écria Robert joyeux.

— Oui, et cela sous une forme nouvelle, inédite, ingénieuse, qui fera un tapage inouï à Paris !… Imagine-toi…

Mais il s’arrêta soudain, sa parole haute, vibrante, brusquement coupée, une gravité de praticien tout à coup reparue sur son visage, que naguère transfigurait l’indicible joie de l’espoir.