Page:Pert - L Autel.djvu/74

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Robert secoua la tête.

— Non, je ne te vois pas dans ce rôle-là.

Les traits de Julien se détendirent. Une expression à la fois très jeune et très usée se répandit sur son visage, dont l’épiderme imberbe ne précisait point l’âge.

— Tu as raison… je n’ai pas marché. Mon Dieu, ce n’est pas du tout parce que je me fusse considéré comme déshonoré pour être l’amant d’une femme influente, qui n’a, en somme, que quarante-deux ou quarante-trois ans, et garde une belle prestance…

— Avec le corset, interjeta Robert.

— Mais, non, sous le corset aussi, fit légèrement le docteur.

— Tu l’as constaté ?

— Dame ! je l’ai soignée pendant six mois d’une maladie inventée pour mon usage particulier et qui n’avait pas d’autre but que de permettre de palper. J’ai palpé.

— Et ?…

— Non. C’est tout. Avec une femme comme madame Galletier, s’est une gaffe énorme que d’en faire sa maîtresse… Elle est parfaite pour ses amis et rosse au possible à l’égard de ses anciens amants…

— Et, dit-on, l’on passe au cadre de réserve dans le courant du mois de l’élection ?

— Oui. C’est une question de lune, chez elle. Donc, je me suis prudemment abstenu ; et, c’est une justice à lui rendre, elle n’est pas du tout rancunière, du moment qu’elle est certaine que, si l’on se tient sur la réserve avec elle, c’est uniquement par calcul. Je lui avais confié mes projets, et elle m’affirmait qu’elle y songeait, qu’elle me signalerait la première occasion. Or, hier, elle m’a téléphoné chez le patron…

— Robert l’interrompit.