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Page:Pert - L Autel.djvu/75

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Il vous retient toujours le prix de la conversation, quand vous vous servez de son appareil ?

Le rire railleur du jeune chirurgien siffla :

— Toujours !… Seulement, il est honnête à sa façon, il a baissé ses tarifs en même temps que ceux des cabines publiques. — Madame Galletier m’appelle et me dit en résumé ceci : « Je crois que j’ai enfin trouvé votre affaire. Il s’agit d’un philanthrope américain, multimilliardaire, qui, trouvant que la philanthropie ne fait pas assez d’effet dans son pays, est venu pour la pratiquer en France. Mais, comme tout bon Yankee, sa philanthropie a des côtés pratiques, et il vend plus le bien qu’il ne le donne… En un mot, il souhaite d’établir, au centre de Paris, une sorte de colossal dispensaire, où toutes les maladies de l’humanité, et même celles des animaux, seront soignées par toutes les méthodes connues, où toutes les drogues, tous les systèmes hygiéniques seront procurés. Dans ce caravansérail de la science médicale, il y aura plus de cent cliniques dirigées et occupées par des multitudes de docteurs, d’internes, d’infirmiers. Et l’une des originalités du lieu sera que, pour y être admis comme client, il faudra donner non de l’argent, mais des tickets, et ces tickets seront vendus aux riches, distribués aux indigents, par une armée de membres de l’œuvre et de dames patronesses, afin que nul dans l’établissement ne distingue l’indigent du riche, et que le même traitement soit réservé pour tous. L’individu arrive à Paris pourvu seulement de son idée et des moyens pécuniaires pour l’exécuter ; il s’en remet à moi pour lui désigner les hommes capables de le seconder activement. — Je vous vois directeur de la clinique de gynécologie. Venez demain soir, causez avec lui, plaisez-lui, enthousiasmez-le, et, surtout, bluffez ferme, afin que nul autre ensuite n’arrive à le persuader que vous n’êtes pas le seul et unique génie de la chirurgie française !