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Page:Pert - L Autel.djvu/83

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— Je te fatigue ?… Je te fais mal ?

— Oui, dit-elle d’une voix éteinte, serrant ses lèvres soudain décolorées.

Il eut un cri de compassion.

— Mais tu souffres horriblement ! Avoue donc, voyons !

Tous deux, malgré leur intimité à cause de leur intimité d’amants avaient une pudeur à parler ouvertement du pénible mystère de l’heure présente. Ils redoutaient de s’avouer des vérités triviales, laides et basses. Obscurément, ils défendaient leur pauvre amour menacé par la vie et par eux-mêmes.

Pourtant, le nouveau sentiment d’affection apitoyée qu’il éprouvait pour elle le poussa à la forcer aux confidences.

— Avoue… plains-toi, je t’en prie, chérie, cela te fera du bien…

L’amante dominait encore en elle. Héroïquement, elle essayait de nier sa souffrance.

— Non, ce n’est rien…

Et elle parvint à rasséréner pendant quelques instants ses traits ravagés. Puis la réflexion lui revint.

— Quelle heure est-il ?… Pourquoi n’es-tu pas couché ? Viens dormir.

Il hésitait, moins encore parce qu’il croyait pouvoir lui être utile en restant habillé que par révolte de devoir s’allonger sur cette couche, auprès de ce corps chéri, en frère, en ami inquiet et précautionneux, au lieu de l’étreindre en toute folle liberté.

Cette chasteté forcée dans l’intimité suprême du lit lui semblait une insulte à leur fougueux, à leur tendre, à leur entier amour de naguère.

Pourtant, revenue à ses préoccupations habituelles, Suzanne demanda :

— As-tu éteint l’électricité ?…