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Page:Pert - L Autel.djvu/85

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ment ses tissus intérieurs, non seulement l’intimité de son être était un foyer d’atroce souffrance, mais la douleur montait en ondes rapides le long de tous ses nerfs, gagnait tous ses muscles. C’était comme une plaie sans nom qui, partant d’un point initial, s’agrandissait, s’étendait sans trêve, sans rémission, grimpait dans les reins, descendait dans les jambes, paralysait les cuisses, tordait les jarrets, serrait la poitrine, étreignait le cœur, les poumons, envahissait jusqu’à la tête, posait un affreux cercle de fer à la nuque, aux arcades sourcilières. Ses extrémités glacées lui semblaient mortes, au lieu que le sang battant sous ses oreilles, bourdonnant intensément, l’assourdissait. Égarée, elle entendait sa propre voix au travers d’un vacarme inouï, comme lorsqu’on parle dans un train franchissant un tunnel à toute vitesse.

— Robert ! sauve-moi !… Robert, ait pitié de moi !…

Sa coquetterie, ses réserves, sa pudeur d’amoureuse avaient sombré. Elle ne savait plus, ne voyait plus, n’existait plus, dans cet enfer qui ne laissait même pas son cerveau indemne.

Ses plaintes continuelles, très hautes, s’entrecoupaient de phrases décousues, sans suite, sans rapport avec la minute présente, comme si, dans sa tête en démence, toutes les impressions passées fussent bouleversées, mélangées, et reparussent en une course galopante de cinématographe tronqué, rompu, et interverti.

Jamais Robert n’avait ressenti une pareille impression de terreur, d’impuissance ; sa volonté désorientée était paralysée par l’inconnu de la situation. Il se sentait vaincu auprès de cette femme délirante, qui n’entendait aucune parole, sur laquelle nul raisonnement n’avait de prise ; il se trouvait désemparé comme devant un élément déchaîné.

Et, sa responsabilité l’écrasait. Que faire ?… La pré-