Aller au contenu

Page:Pert - L Autel.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sence du docteur ?… Comment l’aller quérir ? Il n’avait personne auprès de lui, et il ne pouvait abandonner Suzanne dans l’état nerveux où elle se trouvait.

Il avait le vertige en songeant que, sans doute, il omettait des soins qui atténueraient la souffrance de Suzanne. Il tremblait en pensant qu’il ne savait pas remédier à l’exaltation qui la possédait, que l’on n’avait point prévue, qui résultait de son tempérament propre, des particularités de sa vie tendue, fébrile, des craintes qu’elle avait ressenties d’avance que cette fièvre allait peut-être amener en elle des ravages irréparables.

Il lui semblait impossible qu’une créature passât par une crise aussi violente sans que des lésions graves se produisissent. Des noms de maladies le hantèrent, vagues et redoutables, sur lesquels trônaient ces syllabes menaçantes : méningite !

Pourtant, une heure, deux heures — il n’aurait su le dire ! — s’étant écoulées, l’agitation de Suzanne s’éteignit graduellement. Elle ne recouvrait, d’ailleurs, point sa nette raison, et sa torture ne paraissait aucunement diminuée. Mais ses forces étaient entièrement épuisées. Elle tombait à une sorte de coma coupé de faibles gémissements inarticulés.

Un peu soulagé d’abord, matériellement, par le silence relatif, par le calme renaissant dans la chambre, Robert ne tarda pas à s’inquiéter de nouveau. Après trop d’excitation, Suzanne devenait trop inerte. Et, sa personnalité demeurait toujours absente.

Il connut alors l’effroi indicible de s’adresser à un être cher, et de voir que ni le son de la voix, ni le sens de ce que l’on dit ne pénètre jusqu’à l’entendement assoupi, aboli, de celui qui est là, dont les yeux ouverts, les mouvements témoignent qu’il n’est ni mort, ni même évanoui… et avec qui l’on ne communique plus, qui