Aller au contenu

Page:Pert - L Autel.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Rentré dans la chambre, l’air tiède et fade l’écœura ; il gagna le salon et ouvrit une fenêtre.

Le jour se levait, épandant une clarté blanche, puis couleur de rose-thé dans le ciel uni, sans nuages, où, çà et là, persistaient les petits points de feu des étoiles dans le velours pâle de la voûte sans fin. Tous les entours, les toits, l’étendue tassée des maisons demeuraient en une brume grise, trouble… Un souffle frais courait, apportant du lointain une senteur de terre mouillée et de verdure neuve. Sûrement il avait dû pleuvoir sur les plaines de la Beauce d’où provenait le vent, et dans lesquelles le blé grandissait, encore clairsemé et tout tendre.

Pendant le reste de la nuit, il alla et vint de cette fenêtre radieuse à la chambre close où se plaignait Suzanne.

Le jour s’affirma ; tout se précisa ; des rayées roses s’élancèrent dans le ciel, les cheminées, le profil des toits s’accentuèrent. Un air plus vif courut.

Glacé et frissonnant, Robert referma définitivement la croisée et revint au chevet de la jeune femme. Cette fois, le docteur l’y avait devancé. Penché sur Suzanne, il l’auscultait avec attention, l’air un peu soucieux.

— Robert l’interrogea : — Eh bien ?

Julien ne répondit pas tout de suite. Enfin, il se décida :

— Cela ne va pas mal… Elle est un peu plus abattue que je n’aurais souhaité… Pourtant, rien n’indique de façon absolue de retarder l’opération… Il est urgent de profiter du travail accompli cette nuit… sans quoi, tu comprends, tout serait à recommencer.

Une gêne singulière entravant ses mâchoires, Robert prononça avec difficulté :

— Il n’y a pas de danger ? Tu me l’affirmes ?

— Non, aucun ! répondit le chirurgien avec fermeté.