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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/104

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— Et puis vous allez vous habiller tout de suite pour que je voie si rien ne cloche à votre robe neuve.

Mlle Armande protesta.

— Il est encore de trop bonne heure !

Cady se dressa austère, la bouche pimbêche :

— Mademoiselle, j’ai charge d’âme !…

Et, soudain voyou :

— Si vous êtes fagotée à la va-te-faire-fiche, qui est-ce qui trinquera ?… C’est la môme Cady !… C’est qu’il n’est pas coulant comme du beurre le citoyen Cyprien Darquet, sur le chapitre toilette des gonzesses qu’il sort !… Faut être rupin !… et mieux que ça… Un mélange qui n’y a que moi qui le comprends ! Tâche de saisir, mademoiselle… Faut que papa soye flatté des fumelles qu’il promène… Mais faut tout de même pas que le peuple y dise derrière ses quilles : « Qui c’est’y que c’te camelote qu’y raccompagne le député ? » Faut être ni faub Saint-Germain débinard, ni cocotte flambante !…

Mlle Lavernière s’agita sous l’avalanche.

— Mon Dieu, Cady, est-ce que vous ne pourriez pas parler comme tout le monde ?

Cady observa philosophiquement :

— Mais… Qu’est-ce que c’est que tout le monde, jeune fille à l’âme banale ?

Puis, changeant de ton :

— Habillez-vous et passons l’inspection !

Mlle Armande se décida à obéir.

Après tout, cette Cady avait du goût et il ne fallait pas déplaire à M. Darquet !…

Examinant la combinaison mauve, assez élégante, mais d’une fraîcheur douteuse, Cady fit la grimace.

— Mon trésor, si vous croyez que c’est avec des objets de cette caducité que vous séduirez papa !… Je vous préviens que c’est l’homme des dessous virginaux !…

Mlle Armande devint pourpre, balbutiant :