Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/134

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

broches sans valeur que s’offrent les jeunes filles entre elles…

Maintenant, Cady demeurait en arrêt, songeuse, les sourcils froncés, devant une de ces petites poires de bois qui servent de flotteurs pour la pêche, sur laquelle l’initiale A était imparfaitement gravée au couteau, un fragment de porte-cigare en ambre, une carte d’invitation à un bal portant une date qui remontait à quatorze ans en arrière.

Qui lui apprendrait les pensées qu’évoquaient ces reliques d’autrefois, dans le cœur de sa mère ? De la femme vers laquelle, instinctivement, après la faillite paternelle, la détresse de Cady s’élançait obscurément en cette minute.

La fillette soupira et plongea la main dans un tiroir encore inexploré. Elle atteignit un porte-cartes en écaille incrustée d’or, un objet de prix jadis, mais aujourd’hui rayé et terni. L’intérieur doublé de soie rose usée lui parut d’abord vide ; puis, dans un soufflet, elle découvrit cinq ou six minuscules épreuves photographiques.

L’une montrait un tonneau attelé d’un cheval que sa position en avant faisait monstrueux. Il était conduit par un jeune homme. Une femme était assise à côté de lui, et, derrière eux, venait un nombreux peloton de cavaliers et d’amazones.

Sur l’autre papier, sept ou huit personnes assises dans une prairie déjeunaient sur l’herbe. Puis, une femme se profilait, en légère toilette d’été, démodée. On la revoyait en canot, accompagnée de deux rameurs en chandails, biceps nus. Enfin, un jeune homme — celui de la voiture — assis devant une table rustique, dans un jardin, le menton appuyé sur sa main, lisait, ayant sur ses genoux un petit chien à poil ras, au museau fin, que, subitement, dans un rappel surgi des tréfonds de sa mémoire, Cady reconnut.

— Jik ! murmura-t-elle stupéfaite, envahie d’une