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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/170

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voix caressante, où se mélangeaient curieusement l’accent italien et celui de Montmartre.

Malgré les protestations mimées de l’institutrice, Cady poussa vers le jeune homme un bock que le garçon venait d’apporter avec du thé, des œufs durs et du jambon.

— C’est pour vous.

Il sourit, salua et s’assit prestement.

— Merci.

Puis, ayant bu, les yeux attachés sur la jeune fille avec une expression de caresse audacieuse, il demanda :

— Vous allez jouer avec nous ce soir ?

— Peut-être.

— Nous avons une nouveauté très bath…

Cady s’empara du papier qu’elle parcourut.

— Ça paraît très joli.

Et, déjà rendue au piano, elle déchiffrait d’un doigt, en sourdine, la musiquette napolitaine, canaille et langoureuse d’une volupté saisissante.

Mlle Armande se dressa :

— Cady, vous êtes folle !… Revenez à votre place !

Le pianiste la saisit au poignet et la fit rasseoir.

— Bah ! laissez-la donc, elle s’amuse, cette petite.

— Mais, je ne veux pas ! Il ne faut pas qu’elle s’affiche ainsi ! balbutia l’institutrice avec angoisse. C’est une jeune fille du monde, monsieur !…

Le Milanais sourit.

— N’ayez crainte, on n’est pas des mufles…

Les musiciens revenaient, attirés par la présence de Cady, et reprenaient gaiement leurs places.

Les consommateurs, intrigués par la nouvelle pianiste, tournaient la tête, les parties de cartes s’arrêtaient.

La ritournelle éclata, précédant la voix chaude et juste, d’une vulgarité exotique du Milanais.

Mlle Armande suivait, stupéfaite, le jeu assuré de Cady, l’agilité de ses doigts, le rythme endiablé, la