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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/192

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tions, et j’ai vu des fois des gamines sur lesquelles on n’avait pas envie de cracher. Tenez, il y a de ça six ans, je me trouvais chez des nobles, à la campagne. Oui, une place au vert que j’avais prise pour me refaire. J’étais un peu vanné par Clara Desbords…

La chanteuse ? questionna le cuisinier intéressé.

— Précisément, j’ai été chez elle durant un an. Un record, mon cher, personne n’y a résisté plus de six mois !… On peut dire qu’elle a la passion de la livrée, cette femelle-là !… Ah ! une rude femme !… Vous parlez d’un corps !… Et un de ces tempéraments ! Donc, j’étais à la campagne, et chez mes patrons, vous trouviez une fille unique, une grande jument blonde qui ne manquait pas d’allure. Elle était fiancée à un marin qui naviguait dans les mers de Chine à l’époque… Ah ! j’ai été vite fixé !… La première fois que j’ai fait le salon, elle rappliquait : « Ludovic, ne brouillez pas ma musique. » « Ludovic, prenez garde que mon perroquet s’envole ! » Trois jours plus tard, nous causions de son perroquet, au fond de son alcôve !…

Maria lança furieusement :

— Des chipies !… et avec cela vicieuses, pire que des singes !… Et qui vous considèrent, vous autres, plus bas que des nègres !… Faut que vous ayez guère de cœur pour marcher avec elles !…

— Bast ! ça vaut tout de même la peine ! Quant à moi, j’en connais une que je m’enverrai un jour ! déclara Valentin en clignant de l’œil du côté de Cady. Mais il faut qu’elle ait dix-huit ans et qu’elle soit remplumée… C’est core trop maigre !…

— Tu as peut-être bien déjà tâté ! insinua le cuisinier en s’esclaffant.

Le maître d’hôtel ricana.

— Hé, hé, les fruits verts ont du bon !

Bien qu’elle ne perdît pas un mot de cet entretien, Cady restait imperturbable, la pensée planant au-