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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/198

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toute seule, sur lequel vous jouerez tant que cela vous fera plaisir.

Ces paroles inattendues eurent raison de l’apathie de Cady. Elle se souleva dans sa couchette, ses deux bras nus allongés sur la couverture.

— Un piano pour moi ?… Et où sera-t-il ?

— Ici, naturellement. Ah ! il faut que je vous aime bien, Cady !… Car je déteste la musique, et vous allez me donner d’affreuses migraines !…

Cady se balançait dans son lit comme un jeune ours.

— Un piano ici, pour moi ? répéta-t-elle incrédule. Et je pourrai étudier quand je voudrai ?… C’est papa qui vous a dit cela ?

L’institutrice hocha la tête triomphalement, tâtant, pour la deuxième fois depuis cinq minutes, au fond de sa poche, le petit carnet de cuir fauve qui contenait le billet de cinq cents francs que le député lui avait remis la nuit précédente.

— Oui, votre père lui-même !… Ah ! il est généreux quand il s’y met !…

Elle délirait, entrevoyant un avenir doré, échafaudant des projets, des rêves sans nombre.

Gagnée à présent d’une fébrilité, Cady s’habilla rapidement.

— Où est-il le piano ?

Mlle Armande éclata de rire.

— Chez le marchand, pardi !

— Quand l’aurai-je ?

— Ah ! je ne sais pas !… Bientôt.

Et elle reprit vivement :

— N’allez pas en parler à votre père. Je suis censée de ne pas le savoir.

Cady fronça les sourcils, froissée à vif par un enchaînement de pensées. D’ailleurs, ce malaise s’effaça vite. Elle questionna :

— C’est vous qui lui avez demandé ce piano pour moi ?