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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/218

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Baby avait entièrement perdu connaissance et son corps verdâtre, violacé, devenait affreux.

— Elle est morte ! elle est morte ! miss l’a assassinée ! gémit Cady, livide, tragique.

Comme elle s’élançait affolée au dehors, Valentin la saisit à bras-le-corps, pâle, lui aussi.

— Voulez-vous bien vous taire !

Mlle Armande accourait au bruit, effarée.

— Mon Dieu, qu’y a-t-il ?… Quel tapage ! Madame va entendre !…

Clémence saisit l’enfant évanouie qu’elle porta sur son lit.

— Vite ! il faut la frictionner !… Des serviettes !… Maria, courez faire chauffer des serviettes à la cuisine !…

La femme de chambre dut enjamber le corps de la gouvernante, toujours vautrée à terre, ricanant, bavant, hoquetant, battant le sol du pied pour une gigue imaginaire.

— Ah ! l’horreur de femme ! fit-elle répugnée.

Cady, penchée sur le corps inerte de sa sœur, répétait :

— Elle est morte, je vous dis ! Elle est morte !… Il faut avertir maman !

— Faites pas ça, toujours, crièrent ensemble les domestiques effrayés et menaçants.

Son chausson de laine à la main, Clémence frottait vigoureusement le torse et les membres de l’enfant, dont l’épiderme rougissait.

— Elle revient ! cria-t-elle. La voilà qui bouge !

En effet, les mâchoires contractées de la petite Jeanne se desserraient. Ses bras se relevèrent, puis retombèrent. Soudain, ses dents claquèrent bruyamment, et ses paupières soulevées montrèrent des yeux qui chavirèrent, ne laissant plus voir que le blanc.

— Oh, Dieu ! elle passe ! murmura Mile Armande en se laissant tomber sur un siège, près de se trouver mal.