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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/220

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fillette dans son lit, fuyant dans la cuisine, dont elle ferma la porte.

Après une dernière bourrade à l’Anglaise, avachie dans un fauteuil, mais dont les yeux commençaient à. recouvrer un regard lucide, Valentin s’esquiva également.

— Barrez-vous, mademoiselle, conseilla-t-il à l’institutrice. Ça va chauffer.

Demeurée seule, Mlle Armande hésita : Affronterait-elle Mme Darquet ?… Au bout du compte, elle n’avait personnellement rien à se reprocher !… Cependant, entendant des portes s’ouvrir et des pas précipités approcher, elle perdit courage et s’éclipsa comme les autres.

— Ma foi, qu’elles se débrouillent ! murmura-t-elle, le cœur chaviré d’appréhension.

Dans le salon, la brusque apparition de Cady, pâle et bouleversée, vêtue d’une robe défraîchie, chaussée de pantoufles en feutre trouées à l’extrémité, avait fait tressaillir désagréablement Mme Darquet, ainsi que les deux dames qui prenaient le thé en causant doucement dans la pièce tiède, close et assoupie.

Noémi Darquet se redressa, stupéfaite, fronçant les sourcils avec contrariété.

— Qu’est-ce que c’est ?

L’intrusion de sa fille aînée chez elle, en cet équipage, à cette heure, quand il y avait des visites, était un fait sans précédent.

Très bas, suffoquée par l’effroi de la scène qui se passait là-bas, et par l’émotion d’avoir à troubler cette froide paix maternelle —tâche qui, subitement, lui parut au-dessus de ses forces la fillette murmura :

— C’est Baby, maman… Baby est très malade !

— Qu’est-ce que tu racontes ? s’écria Mme Darquet, avec incrédulité et impatience. Pourquoi viens-tu ici sans qu’on t’appelle ?… Comment Mlle Lavernière te laisse-t-elle courir ainsi fagotée ?…