Mme Darquet, courbée avec souci sur la petite Jeanne, tâtait son visage fiévreux, ramenait la couverture sur ses mains agitées.
— Évidemment, il faut téléphoner au plus vite. N’avez-vous pas donné le bain trop chaud, Miss ?… ou trop près du déjeuner ?… Et quelle idée de la baigner à cette heure-ci ?…
— Non, non, madame, pas trop chaud, je mettais le thermomètre ! pataugea l’Anglaise. J’avais pas baigné ce matin parce que Baby avait mal à la tête… Mais, ce soir, c’était passé. Alors, pour propreté…
Mme Darquet se redressa, levant les épaules avec mauvaise humeur.
— Certainement, il y a eu maladresse commise de votre part, dit-elle sèchement. C’est inconcevable que vous ne sachiez pas soigner un enfant, puisque c’est votre métier !…
Et, sur le seuil de la porte, elle ordonna :
— Téléphonez tout de suite, Maria ! Je retourne au salon, mais je reviendrai bientôt… Je suis très inquiète.
Dès qu’elle eut disparu, Maria se retourna sur l’Anglaise, menaçante.
— Vous, vous allez foutre le camp ! On n’a rien dit contre vous, parce que tout le monde aurait ramassé, mais on ne vous endurera pas ! On vous a assez vue !… Donnez vos huit jours, ou on vous trépignera, je vous en préviens !…
— Laissez-moi, sale fille ! grogna la gouvernante. Je partirai quand je voudrai !
Maria hurla, exaspérée :
— Sale fille ? C’est moi que tu appelles sale fille !… Traînée, roulure !… Ah ! tu veux donc étrenner ?
Valentin s’élança dans la chambre.
— Ah ça ! vous perdez la boule ? vous faites un potin ! gronda-t-il. Et Madame qui va rappliquer, c’est choisi !