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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/237

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Sitôt le dîner terminé, la petite Jeanne, qui méditait de rafler le reste du dessert avant que les domestiques desservissent, obtint la permission de se retirer, en simulant une fatigue excessive.

Lorsqu’on quitta la salle à manger, ainsi qu’il arrive fréquemment dans une société intime, les groupes se scindèrent immédiatement, sans souci de la politesse qui élargit le cercle des convives moins familiers.

Le bridge accapara Cyprien Darquet, Renaudin, M. Durand de l’Isle et la jeune divorcée, que sa mère rallia vivement dès qu’il fut certain que le juge serait de la partie.

C’était le gendre en vue, et la veuve manœuvrait avec d’autant plus d’audace qu’elle sentait que la maîtresse de maison approuvait son dessein.

Cette dernière, plongée en des réflexions personnelles touchant son prochain départ pour le Midi, décidé pour consolider la convalescence de Baby, demeurait en tiers, assez distraite, dans la conversation qu’avaient sa belle-sœur, Mme Serveroy et Jacques Laumière.

La mère d’Alice et de Marie-Annette gardait de jolis traits à quarante ans. C’était en elle un singulier mélange d’apparente jeunesse, de lassitude et de grâce fanée.

Extrêmement avaricieuse et parfois hantée de snobisme, elle avait mis dans sa tête d’obtenir son portrait par Laumière, sachant que celui-ci ne faisait point payer ses toiles et que, grâce à l’originalité du peintre, elles avaient un grand succès à l’exposition annuelle de la Société Nationale.

Tout de suite, Jacques devina la raison des cajoleries de la dame, et son premier mouvement avait été de se dérober. Néanmoins, sans laisser deviner son impression, il l’étudiait, pesant dans sa tête les avantages et les inconvénients de son acceptation.

Évidemment, la tête de cette névrosée offrait de