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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/238

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l’intérêt et pouvait donner lieu à une œuvre curieuse. Mais les séances seraient mortelles.

D’un autre côté, sous ses dehors d’indifférence et de détachement, Jacques Laumière, arriviste prudent et dissimulé, ambitionnait vivement la croix.

Or, Mme Serveroy, certaine, avec l’aide de son frère, de l’obtenir pour son peintre, la promettait carrément sous ses discrètes allusions.

Cady s’était montrée sombre, taciturne et préoccupée durant tout le dîner. Et, refusant de jouer avec ses cousines et les deux secrétaires au ping-pong installé sur la table de la salle à manger promptement débarrassée, elle demeura pendant quelques instants auprès des joueurs, visiblement absorbée par d’autres pensées que celles qui animaient si vivement et si joyeusement les deux camps adverses.

Enfin, lorsque les jeunes gens, tout à leurs exercices, ne la regardèrent plus, elle s’esquiva sans bruit et gagna la galerie, d’où elle inspecta soigneusement les convives.

Dans le cabinet-fumoir du député, les bridgers s’enfonçaient complètement dans les péripéties du jeu. Au bout du grand salon, Noémi Darquet, étendue dans un fauteuil, semblait installée pour toute la soirée en face de sa belle-sœur et de Jacques Laumière engagés à fond dans leur petite lutte de diplomatie particulière.

La fillette pénétra dans la chambre de Mme Darquet à peine éclairée.

Lentement, elle s’approcha du chiffonnier où Noémi serrait ses bijoux et elle l’examina avec attention.

Dans sa tête, deux idées ressassées depuis le commencement de la soirée s’agitaient, la troublant profondément.

Là-bas, dans l’appartement de Charlotte de Montigny, la demi-mondaine souffrait, abandonnée par tous ses amis, sans le sou, menacée d’être expulsée,