Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Au revoir, Cady ! dit-il à voix basse.

— Au revoir, fit-elle caressante, comme avec une promesse obscure.


I

C’était en janvier, c’est-à-dire exactement cinq mois avant la scène chez le juge d’instruction qui vient d’être retracée.

Il était environ dix heures du matin, et Mlle Armande venait de pénétrer dans un bel immeuble de la rue Pierre-Charron.

Ne connaissant pas la manœuvre de l’ascenseur, elle gravissait lentement le vaste escalier de pierre blanche, à l’épais tapis de Smyrne moderne, aux bleus durs, au vert et au rouge éclatants.

Brune, jeune, de taille moyenne, vêtue très modestement, elle portait sur un visage, que l’oisiveté eût rendu joli, ce rien de tendu, d’amer, qui déflore les traits de la femme usant de son intelligence et de sa volonté pour vivre.

Au quatrième étage, elle s’arrêta, essoufflée, et admira les meubles garnissant le palier : un coffre de vieux chêne sculpté, au coussin taillé dans une chasuble, une console Empire, un fauteuil Louis XIV tout doré et une immense pendule allemande du XVIIIe siècle gainée de marqueterie.

Elle constata au cadran qu’il s’en fallait de quelques minutes que l’heure de son rendez-vous fût sonnée, et s’assit.

Ses pieds allongés sur le somptueux tapis montrèrent des chaussures grossières et fatiguées. Elle eut un geste d’impatience et les cacha sous sa robe, avec soudain en elle un bouillonnement de colère, de rancunes, d’aspirations vagues quoique véhémentes,