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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/261

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éblouissant, ses beaux traits tendus par un triomphe qui n’était pas dépourvu d’angoisse.

— Vous dites ?

— Le ministère vient de tomber. Oh ! comme toujours, quand on s’y attendait le moins… Sur une question à côté… une ineptie !… Mais Cyprien a eu le mot juste, et tous les honneurs de la séance sont pour lui !…

Renversée sur sa chaise, comme ivre, Noémi pro- nonça, la voix altérée :

— Président du Conseil, alors ?

Le Moël secoua la tête.

— Non, non, il ne veut pas… Martin-Menier ou Lucien Daveaux probablement.

Elle hocha la tête, remuant mille pensées profondes.

— Il a raison. Donc, il prendra le Commerce ?

— Je le suppose.

Victor Renaudin s’inclina :

— Je suis bien heureux pour M. Darquet.

Mme Darquet prit spontanément la main du jeune magistrat et la serra avec force.

— Merci !

Quinze ans plus tôt, ce garçon actif, d’une ambition mesurée et persévérante que, sur certains points, elle sentait de sa trempe, eût tout obtenu d’elle, aux heures de fièvre et d’émotion.

Elle se leva.

— Adieu, mes amis… je rentre, nous avons à causer, Cyprien et moi.

Le Moël attendri et radieux jeta un billet de cent francs sur la table.

— Garçon, ici, vivement !… Noémi, attendez-moi… j’ai mon auto, je vous mettrai chez vous.

Renaudin questionna Cady :

— Tu es contente ?

La fillette fit un geste d’indifférence.

— La belle jambe que ça me fera ?

Quand elles sortirent, avenue d’Antin, Mme Dar-