Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Cady s’impatienta soudain.

— Eh bien ! quoi, on nous oublie !… Vont-ils nous donner à manger ?

Et, jetant sa serviette, elle courut à la porte. Mais elle ne demeura pas longtemps absente. Elle revint, les yeux brillants, et mystérieuse :

— Venez voir !… Vite !… Chut !

Multipliant les signes recommandant le silence et la prudence, elle attira Mlle Armande au bout du corridor.

Là, désignant du doigt la fente d’une draperie masquant la porte ouverte de la salle à manger :

— Regardez ! souffla-t-elle imperceptiblement.

Mlle Armande retint une exclamation, à grand’peine.

À l’extrémité de la pièce faiblement éclairée par une seule lampe électrique, appuyé contre la longue table richement servie et décorée de fleurs, le valet de chambre tenait étroitement collée à lui la fleuriste qui venait de disposer le surtout.

C’était une fille au museau maigre et ardent. Ses lèvres attachées à celles du jeune homme, elle se pâmait, secouée de frissons.

Un éclat de rire aigu échappé des lèvres de Cady fit se séparer le couple en désordre.

— Sauvons-nous ! jeta la fillette en entraînant sa compagne.

Elles galopèrent jusqu’à la salle de bains, où elles tombèrent en riant sur leurs chaises.

— Oh ! ce Valentin, croyez-vous ! s’exclama Cady, tout enfiévrée.

Subitement, l’institutrice se rappela ses devoirs ; et, les lèvres pincées, étouffant son hilarité :

— Mademoiselle Cady !… Ce n’est pas convenable pour une jeune fille de s’occuper de choses pareilles…

Le fillette ne l’écoutait pas.

— C’est Maria qui serait furieuse si elle savait cela !…