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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/42

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— Je serai muette comme une carpe si tu nous apportes de la glace !… Un gros morceau du milieu !… pas du fondu, et pas du bas qui a goût de serviette !…

Dans leur chambre, où l’institutrice et son élève rentrèrent, un quart d’heure plus tard, un parfum écœurant de fins coulis et de truffes saturait l’air.

Cady bondit jusqu’à la croisée, qu’elle ouvrit d’une secousse.

— Bon Dieu que ça pue ici…

L’appartement était intelligemment distribué par un architecte initié aux mœurs mondaines. Les chambres exiguës de la nursery, donnant sur une étroite cour intérieure, formaient avec la cuisine et l’office un département distinct, totalement séparé des pièces spacieuses du devant occupées par M. et Mme Darquet.

Aucun bruit, aucune odeur désagréable ne s’échappaient du domaine commun où les enfants et la domesticité vivaient à part, pour ainsi dire étrangers à l’autre existence que menaient les époux.

Heureusement pour Cady que l’appartement se trouvant à l’avant-dernier étage, un peu de clarté et d’air respirable descendait jusqu’à sa fenêtre.

Ce soir d’hiver, la nuit était superbe, et la fillette se penchant aperçut dans le carré de ciel visible une étoile qui brillait :

— Voyez, mademoiselle, comme elle est belle ! s’écria-t-elle, en extase.

Mlle Armande, prise entre la chaleur suffocante venant de la cuisine et le courant d’air du dehors, frissonna.

— Fermez, Cady, vous allez vous rendre malade !

La fillette ne l’écoutait pas, cherchant d’autres étoiles, s’irritant de ne pouvoir découvrir qu’un si infime fragment de la voûte céleste.

— À la campagne, je m’échappais la nuit et j’allais sur la grande pelouse… Autour de moi, le ciel tom-