bait, tout rond, et des milliers et des milliers de petites étoiles flambaient…
Armande se récria :
— Vous n’aviez pas peur dans l’obscurité ?
— Non… On ne peut avoir peur sous un beau ciel plein d’étoiles.
— Vous vous plaisiez à la campagne ?
Les aisselles appuyées à la barre du balcon, les bras allongés, Cady, suspendue ainsi qu’une poupée de guignol, appuyait sa joue sur son épaule, étudiant toujours les étoiles.
— Oui, murmura-t-elle rêveuse. J’y ai pleuré bien souvent… Mais j’aime mieux pleurer là-bas que rire ici.
— Vous aimiez votre grand’mère ?
La voix de Cady s’éleva douce et nette.
— Non.
— En vérité !… Pourquoi ?
La fillette resta assez longtemps silencieuse, remuant en son cerveau une masse confuse de pensées et d’images.
La silhouette maussade de l’aïeule bigote, ses sèches réprimandes, le frein rigide qu’elle opposait à la nature exubérante de Cady, sa froideur glaçant les élans de celle-ci, voilà ce que le nom de sa grand’- mère évoquait en elle, avec mille petites blessures cruelles.
— Je ne sais pas, dit-elle enfin, renonçant à préciser les fantômes et les ressouvenirs se pressant en elle.
Mlle Armande bâilla.
— En somme, vous m’avez l’air de n’avoir guère de cœur, ma petite !…
Cady ne répondit point. Sa tête s’inclina davantage ; elle demeura immobile, figée, comme morte.
Cependant Mlle Armande secoua son assoupissement.
— Ah ! on gèle !… Rentrez vite, que je ferme !