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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/48

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rideaux tirés. Toutes deux avaient un embarras pour offrir ou réclamer des caresses.

Néanmoins, leurs regards s’embrassaient et la voix attendrie de Cady était une musique inestimable pour la petite abandonnée.

Les minutes se passaient ; les paupières frissonnantes de Baby s’étaient closes. La petite bouche entr’ouverte laissait passer un léger souffle, où sifflait parfois un rappel de sanglots. Deux taches roses piquaient les joues pâles. Baby dormait.

Cady détacha les petits doigts crispés aux siens et se leva, tout à coup oppressée, saisie d’un inexplicable effroi dans le silence de la pièce faiblement éclairée et devant le mystère du sommeil accablé de Baby.

Elle recula lentement ; puis, subitement, prit la fuite.


IV

Comme Cady passait rapidement, le cœur soulevé, devant la cuisine, d’où soufflait une haleine nauséabonde de vaisselle grasse échaudée, de sueur humaine et de rinçures de vin, la cuisinière Clémence l’interpella :

— Dort-elle, la môme ?

— Oui, répondit Cady, laconiquement.

— Le sang ne pisse plus ?

— Non.

— Vous pourriez parler plus poliment !

La fillette passa sans daigner répondre.

Dans le couloir, Valentin lui barra le passage.

— Écoutez, princesse, si ça vous dit, ce soir, d’aller au fumoir, les mâles y sont, à pomper de la liqueur, pendant que les femelles jaspinent au petit salon.