Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— On ne s’est aperçu de rien ? demanda Mlle Armande.

— Non ! Elles étaient bien trop occupées de sa robe pour regarder à sa peau !…

Au galop, elle déshabillait la petite et la fourrait au lit.

— Maintenant, dormez, et plus vite que ça…

L’enfant s’agita avec angoisse.

Maria gronda.

— Ah ! J’ai le temps de rester ici, en vérité !…

Cady se pencha sur le petit lit où sa sœur sanglotait désespérément.

— Eh bien ! fit-elle, importante, j’endormirai Baby, moi !…

De la porte, Maria jeta, ironique :

— Tiens, qu’est-ce qu’il vous prend ?… D’ordinaire, vous êtes si jalouse d’elle ?…

Restée seule avec la petite, Cady prit la menotte blessée et la posa doucement sur l’oreiller. Puis, courbée, sérieuse, pressant l’autre main fragile, elle contempla le visage convulsé et baigné de larmes de Jeanne, emplie d’amers ressouvenirs personnels.

— Baby… pauvre Baby, murmura-t-elle doucement.

Les yeux des deux enfants se rencontrèrent, se prirent longuement avec tristesse et timidité… Car, vivant si près l’une de l’autre, elles étaient néanmoins presque étrangères, séparées par leurs bonnes et la préférence de Mme Darquet pour la cadette.

Cependant, une expression de confiance et de soulagement montait dans les prunelles claires de la petite Jeanne, alors que les regards de Cady se chargeaient de pitié et de tendresse.

— Baby, pauvre Baby ! répéta-t-elle, la voix basse mouillée.

Ni l’une ni l’autre ne connaissaient les câlineries, les chansons, les doux baisers de la mère qui, le soir, endorment les tout petits, dans l’ombre tiède des