Aller au contenu

Page:Pert - La Petite Cady.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme tous les hommes de loi, mais j’ai tout de même plus confiance en lui qu’en toi, papa !… Et puis, il est très obéissant, et c’est l’essentiel…

Le juge salua.

Très flatté du compliment, mademoiselle Cady !

Elle reprit, de plus en plus excitée par les rires louangeurs de son cénacle :

Sur mon nouveau livret, il y a déjà trois cents francs !

— À qui as-tu chipé cela ? s’exclama Cyprien.

— À toi, papa ! répondit-elle promptement.

— À moi ? fit-il étonné.

— Parfaitement !… C’est l’argent que tu m’as donné pour avoir un caniche.

— Comment, tu n’as pas acheté le chien ?

— Maman ne l’a pas permis… Oh ! ça, je le savais bien d’avance !… Mais, si je te l’avais dit, tu ne m’aurais pas donné l’argent !…

Des rires et des bravos éclatèrent.

Elle sauta à terre, saisit les mains de son père et dit, les yeux brillants, le petit bout de la langue passant sur ses lèvres :

— Je veux de la chartreuse !

— Du tout !… C’est très mauvais pour les enfants…

Elle courut néanmoins s’en verser un verre et revint, triomphante, lapant le liquide avec des mines de chatte.

Caressant la tête de la fillette, Darquet déclara en riant :

— Gourmande, dissimulée, vénale, coquette, ivrogne, elle a tous les vices en herbe, ma fille !…

Une voix juvénile et un peu affectée traversa la pièce.

— Elle est délicieuse !

Cady courut vers celui qui avait parlé.

— Enfin ! s’écria-t-elle boudeuse. C’est heureux que vous m’aperceviez, mon peintre !…

Et, appuyant son genou sur le canapé où était assis