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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/77

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VIII

Maintenant qu’elle était seule, Mlle Armande suivait avec intérêt le mouvement des couples ou des patineurs isolés voltigeant sur la glace.

Peu à peu, s’accoutumant à ce papillotant cinématographe, elle parvenait à distinguer des personnages, les revoyait, les suivait dans leurs évolutions.

Elle constata que Cady était une patineuse remarquable.

Presque toujours seule, au centre de la piste, elle exécutait des voltes savantes, des exercices ardus avec une précision de professionnelle. Elle avait un air détaché, comme ne s’apercevant point du cercle de spectateurs attentifs, jaloux ou admiratifs, qui l’environnait. Puis soudain, elle trouait le mur humain et se lançait comme une flèche sur la glace du pourtour, venant unir ses bras à ceux de ses cousines, qui circulaient avec aisance, mais ne possédaient point un talent comparable au sien.

Les trois jeunes filles, les bras enlacés, s’arrêtèrent devant Mlle Lavernière, alors que l’orgue terminait un morceau.

— Mme Garnier vous a quittée, je parie ? demanda l’aînée des Serveroy en riant et en échangeant des regards malicieux avec sa sœur.

C’était une grosse fille épaisse, aux jambes énormes, de très petite stature pour ses quinze ans. Sa face de lune, pâle et malsaine, était trouée de petits yeux sans éclat, ordinairement bordés de rouge.

Au contraire, Marie-Annette, qui atteignait quatorze ans, était grande et svelte, assez gracieuse. Ses traits fins de brune eussent été jolis sans une asymétrie très prononcée.