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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/76

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— Elle l’aurait pu : elle était riche, jolie, jeune encore ; et soyez sûre que si elle ne l’a pas fait, ce n’est pas par dévouement pour ses filles ! Elle a préféré se dorloter… C’est une malade imaginaire… une égoïste dont vous ne trouverez pas facilement le second numéro !… Rien n’existe que pour elle, qu’à cause d’elle… On a inventé la terre pour qu’elle y marche, le soleil pour qu’il la chauffe…

— Eh bien, vous devez en avoir de l’agrément auprès de cette femme-là…

« Et vos petites sont-elles aimables ?… Vous êtes-vous attachée à elles ?

Mme Garnier haussa les épaules.

— Oui et non !… C’est si rosse, si vide !…

Mlle Armande allait poser de nouvelles questions, lorsque Mme Garnier, se penchant tout à coup, consulta la pendule placée en face d’elle.

— Déjà quatre heures !

Et, avec un regard inquisiteur à sa jeune collègue, elle demanda :

— Puis-je vous considérer dès à présent comme une amie et solliciter un service ?

— Mais certainement, assura Armande sans hésiter, quoique un peu surprise.

— J’aurais besoin de m’absenter une heure ou deux. Voulez-vous garder mes élèves avec la vôtre ?… Je viendrai les reprendre vers cinq heures.

Mlle Armande sourit.

— Bien volontiers, le service est léger et je vous le rendrai souvent si vous le désirez.

Mme Garnier parut enchantée et serra vigoureuse- ment la main d’Armande.

— Accepté, et à charge de revanche !

Et elle disparut si vite qu’Armande ne put deviner par où elle avait passé.

— Où diable court-elle, si pressée ? se dit-elle. Ce n’est pourtant pas à un rendez-vous galant !…