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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/80

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femme qui patinait avec un jeune homme. Elle était vêtue de velours vert, ses cheveux blonds bouffaient sous une toque de renard blanc.

Et, surprise, Mlle Armande reconnut précisément le couple qui attirait naguère les remarques des jeunes Serveroy. Le « pochon » de l’œil de l’homme était caractéristique.

Si peu expérimentée que fût l’institutrice, elle ne pouvait se méprendre sur la classe de ces personnages. Évidemment, la femme était une demi-mondaine ; et elle jugea l’apparence du jeune homme on ne peut plus louche.

Il était, il est vrai, fort élégamment mis ; sa taille était mince, bien prise, son allure aisée ; mais cette meurtrissure, cette trace de violence mettait une sinistre expression sur son visage jeune et pourtant extraordinairement fripé, aux yeux caves. Sa chevelure, qui devait être originairement noire, avait certainement subi une décoloration au henné qui lui donnait une singulière teinte acajou.

Et Cady causait familièrement avec ces gens !… La jeune femme l’avait embrassée… l’homme lui serrait la main en souriant et le petit garçon qui, visiblement, était le fils de la demi-mondaine dont il avait tous les traits, enlaçait tendrement Cady, paraissait avec elle dans la plus grande intimité !…

Mlle Armande s’apeurait.

Vraiment, les imprudences de son élève dépassaient les bornes, et il arriverait quelque malheur dont elle serait responsable, elle, la pauvre institutrice, si dénuée de moyens de répression !…

Là-bas, adossée à la balustrade drapée de velours, sans quitter les mains du petit Georges, Cady le questionnait, admirant la rare luminosité des yeux de l’enfant, dont l’émail pur semblait nager dans un bain de nacre fluide.

— Qu’est-ce que tu mets dans tes yeux pour qu’ils brillent comme cela ?