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Page:Pert - La Petite Cady.djvu/88

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X

Le soir, après le dîner, Mlle Armande, le front sévère, le cœur battant secrètement, affermissant sa voix, essaya d’établir, une fois pour toutes, un semblant d’autorité.

— Cady, je n’ai pas voulu, aujourd’hui, entretenir votre mère de l’incident regrettable qui s’est passé entre nous, mais je vous préviens que si vous me donnez de nouveaux sujets de mécontentement, Mme Darquet saura tout.

La jeune fille la regarda hardiment.

— Vous ne pouviez rien raconter à maman, car il aurait d’abord fallu avouer que nous étions allées au Palais de Glace et non pas à l’Odéon.

Mlle Armande feignit de ne point avoir entendu cette remarque.

— Vous devez vous soumettre à moi. Et soyez persuadée que rien ne m’arrêtera pour que l’autorité de vos parents m’appuie si vous me résistez. En punition de votre conduite inqualifiable de l’après-midi, vous allez vous mettre au lit immédiatement.

— Bien, mademoiselle, répondit Cady impassible.

Et elle passa aussitôt dans le cabinet de toilette.

Mlle Armande sentit un baume descendre dans son cœur. Enfin, elle était victorieuse ! La petite pliait ; un peu de fermeté en viendrait à bout.

Elle s’assit à la table et commença d’écrire à une ancienne compagne de Sèvres. Non qu’elle lui gardât beaucoup d’amitié, mais elle éprouvait le besoin vaniteux de se vanter de la « superbe situation » qu’elle avait immédiatement trouvée après avoir « jeté sa démission au nez de l’Université ».