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Page:Pessoa - Trois chansons mortes, extrait de Contemporanea, n° 7, jan. 1923.djvu/1

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TROIS CHANSONS MORTES


I

Vous êtes belle : on vous adore.
Vous êtes jeune : on vous sourit.
Si un amour pourrait éclore
Dans ce cœur où rien ne luit.

Ce sourire de ma tristesse
Se tournerait, reflet lointain,
Vers l’or cendré de votre tresse,
Vers le blanc mat de votre main.

Mais je n’en fais que ce sourire
Qui sommeille au fond de mes yeux
Lac froid qui, en vous voyant rire,
S’oublie en un reflet joyeux.


II

J’eus un rêve. L’aube
N’a pu soulever
Du frais de sa robe
Mon sommeil léger.

En vain toute l’ombre
Jettait sa noirceur.
Mon cœur est plus sombre.
C’était dans mon cœur.