Page:Pessoa - Trois chansons mortes, extrait de Contemporanea, n° 7, jan. 1923.djvu/2

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Il est mort. J’existe
Par ce qui m’en vint.
Quoi ? J’en suis plus triste…
Ah, ce rêve éteint

Faisait l’heure brève
Et mon cœur moins las…
Quel était ce rêve ?
Je ne le sais pas.


III

Si vous m’aimiez un peu ?… Par rêve,
Non par amour…
Un rien… L’amour que l’on achève
Est lourd.

Faites de moi un qui vous aime,
Pas qui je suis…
Quand le rêve est beau, le jour même
Sourit.

Que je sois triste ou laid — c’est l’ombre…
Pour que le jour
Vous soit frais, je vous fais ce sombre
Séjour.


FERNANDO PESSOA