Page:Petit - De la vipère et des moyens de remédier à sa morsure.djvu/32

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pérature voulue, on lave à grande eau les bords et l’intérieur de la plaie. Dans le cas où on n’est pas à la portée d’une source ou d’un courant d’eau, on se procure par un acte physiologique, placé sous la dépendance de la volonté, une certaine quantité de liquide sécrété par les reins et en réserve dans la vessie.

La première et la deuxième des conditions étant remplies, il en reste encore une troisième qui consiste à neutraliser le venin déposé dans les plaies ; on y parvient à l’aide de caustiques soit actuels, soit potentiels. Les premiers sont ceux qui peuvent être employés le plus fréquemment : une tige de fer, soit un clou, soit une lame de couteau chauffée au blanc forment tout l’appareil nécessaire pour cautériser une plaie. Parmi les caustiques potentiels, l’ammoniaque est celui qui a été le plus employé, elle est devenue d’une grande popularité surtout depuis Bernard de Jussieu. Les chasseurs ont soin de se munir de ce léger caustique et d’en frictionner les bords de la plaie après en avoir instillé quelques gouttes dans l’intérieur de celle-ci. L’efficacité longtemps attribuée à l’ammoniaque tenait beaucoup au peu de gravité des blessures qui auraient pu guérir sans aucun soin. Aujourd’hui que l’on croit moins au grand danger de la morsure de la vipère, la réputation de l’ammoniaque est un peu tombée, et c’est avec raison ; car en réalité cet alcali n’est pas assez actif pour la morsure des grosses vipères, c’est-à-dire quand il y a un danger réel. On doit employer comme caustique plus énergique, la potasse caustique, la chaux, l’azotate d’argent, le chlorure d’antimoine, des acides puissants, l’huile bouillante, les moxas. On fait usage de substances âcres et irritantes, comme le tabac, la moutarde, l’oignon, certains euphorbes et surtout l’Euphorbia cyparicias. Nous comptons peu sur l’efficacité de ces diverses matières.