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L’ÉPOPÉE ANTIQUE

magnifiques funérailles à Patrocle, qu’Achille jure de venger, ainsi qu’à Protésilas et à Mérion. À Troie, les obsèques du bâtard Cassibilan donnent occasion à Cassandre de renouveler ses menaces prophétiques.

Nous ne saurions ici, faute de place, suivre le trouveur dans les détails des nombreuses batailles qu’il décrit successivement. Nous nous contenterons de signaler, jusqu’à la mort d’Hector, parmi les passages les plus intéressants : la prise du roi grec Thoas, que Priam veut mettre à mort, mais qu’Énée réussit à sauver et qu’on échange bientôt contre Anténor ; les exploits du terrible Sagittaire ; le retour de Briseïda auprès de son père Calchas, sur la demande de celui-ci, et ses coquetteries avec Diomède, et les curieux détails sur l’embaumement d’Hector, sur ses funérailles et sur le monument qu’on lui élève. Après la mort d’Hector, Palamède, qui n’avait jamais accepté l’autorité d’Agamemnon, nommé chef de l’expédition avant son arrivée tardive, réussit à le supplanter ; il se distingue dans la bataille suivante, où Priam paraît sur le champ de bataille pour venger son fils, s’occupe avec zèle de l’approvisionnement de l’armée qui souffre de la famine et fortifie habilement son camp. Mais bientôt il succombe sous les coups de Paris, après avoir tué Deiphobe et Sarpedon, roi de Lycie (Lice). Agamemnon est aussitôt réélu.

Cependant Achille, étant allé voir les Troyens, qui célébraient, dans le temple d’Apollon hors des murs, l’anniversaire de la mort d’Hector, avait aperçu Polyxène et s’était senti subitement épris d’un violent amour. Ne pouvant trouver le repos, il envoie demander sa main à Hécube, s’engageant à retourner dans son pays et à entraîner dans sa retraite l’armée entière. Ses offres sont acceptées ; mais il ne réussit pas à ranger le conseil à son avis et doit se contenter de rester sous sa tente en défendant aux siens de combattre. Dans la terrible bataille où meurt Palamède, il résiste aux reproches d’Héber, fils du roi de Thrace, comme aux supplications des messagers d’Ajax, et pendant la trêve qui

    durent plusieurs jours : elles sont presque toutes séparées par des trêves plus ou moins longues. Le Darès qui nous a été conservé n’en compte que dix neuf, qui ne sont pas numérotées comme dans le Roman, où, du reste, il y a quelque incertitude sur ce point et même quelques lacunes.