Aller au contenu

Page:Petit de Julleville - Histoire de la langue et de la littérature française, t. 1, 1896.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
ROMANS ÉPIQUES

suit, il refuse de se rendre aux raisons exposées par Ulysse, Diomède et Nestor, que lui ont envoyés les Grecs. En présence de ce refus, les Grecs sont portés à lever le siège, malgré les instances de Ménélas ; mais Calchas leur rappelle la volonté des dieux. Troïlus est le héros des deux batailles suivantes. Dans la seconde, il renverse et blesse grièvement Diomède en le raillant de son amour pour Briseïda : cette blessure de Diomède décide la jeune fille à lui donner son cœur.

Sur de nouvelles instances d’Agamemnon, Achille consent à laisser combattre ses chevaliers. Troïlus se distingue encore. Il rentre blessé à Troie et, devant les dames et sa mère, il se plaint amèrement de l’abandon de son amie. D’autre part, Achille est partagé entre le désir de venger les pertes subies par ses Myrmidons et l’amour dont il se sent pénétré. Son agitation redouble pendant la bataille suivante, où les Grecs sont encore battus et obligés de demander une nouvelle trêve. À la dix-huitième bataille, Troïlus pénètre jusqu’aux tentes et les Myrmidons appellent à grands cris Achille à leur secours. Il n’y tient plus : il revêt ses armes et va attaquer Troïlus, qui le blesse et emmène son cheval. Priam s’indigne en apprenant cette rentrée en scène d’Achille ; Hécube cherche à l’excuser et Polyxène souffre en silence. Cependant Achille avait recommandé à ses Myrmidons de s’attacher exclusivement à Troïlus. Le voyant abattu sous son cheval blessé, il accourt, lui coupe la tête et traîne son corps attaché à la queue de son cheval. Memnon le renverse et lui arrache le cadavre. La bataille dure huit jours, au bout desquels Achille, guéri de ses blessures, cherche Memnon et le tue. Hécube décide Paris à la venger de la mort de Troïlus. Achille, attiré dans le temple d’Apollon sous prétexte de renouer les pourparlers, s’y rend sans armure avec Antilochus, le fils de Nestor, et ils sont tous deux percés de coups après s’être vaillamment défendus. Leurs corps sont rendus aux Grecs à la prière d’Hélénus : on élève à Achille un magnifique tombeau, surmonté d’une statue qui représente Polyxène affligée tenant dans ses bras l’urne qui renferme les cendres de celui qui est mort pour son amour. Les Grecs, ayant consulté l’oracle, envoient Ménélas à Scyros, pour demander au roi Lycomède d’envoyer à Troie Pyrrhus, le fils d’Achille. Bientôt une nouvelle bataille s’engage, où Ajax et