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ROMANS ÉPIQUES

Andromaque. Agamemnon, Hécube, Pyrrhus, les deux fils d’Hector : on leur laisse la liberté de partir ou de rester à Troie. Les vents persistant à être contraires, Calchas, consulté, répond qu’il faut apaiser les mânes d’Achille, « les infernaus fures », et Néoptolème ordonne qu’on recherche Polyxène. Anténor la trouve dans une vieille tour et la livre au fils d’Achille, qui l’immole malgré ses plaintes, sur le tombeau de son père. Hécube, devenue furieuse, est lapidée par l’armée. Diomède, Ajax, fils de Télamon[1], et Ulysse se disputent le Palladium. Quand Ulysse a fait valoir ses titres, Diomède s’efface devant lui, mais Ajax persiste. Cependant Agamemnon et Ménélas l’adjugent à Ulysse, en reconnaissance des efforts qu’il avait faits pour sauver Hélène. Le lendemain matin, Ajax fut trouvé percé de coups dans sa tente, et sa mort fut attribuée à Ménélas et à Ulysse. Ce dernier crut prudent de s’enfuir à Ismaros, laissant le Palladium à Diomède. Pyrrhus accorde à Hélénus les deux fils d’Hector. Anténor avait fait exiler Énée pour avoir caché Polyxène : il mettait en état les vingt-deux vaisseaux qui avaient servi à Paris pour son expédition et feignait de vouloir laisser Anténor régner seul à Troie. Mais à peine les Grecs étaient-ils partis, malgré le mauvais temps, qu’il rappelle aux Troyens que c’est Anténor qui a recherché et livré Polyxène et l’oblige à s’exiler avec les siens. Anténor va fonder sur l’Adriatique Corcire Menelan (Corcyram Melænam), var. Menelam dans Dictys, VI, 17), c’est-à-dire Curzola, et les débris des Troyens le rejoignent sur onze vaisseaux.

Puis l’auteur raconte les retours. — Ajax, fils d’Oïlée, qui avait arraché Cassandre du temple de Minerve, perd sa flotte et il est rejeté mourant sur un rivage désert avec quelques-uns des siens. Nauplius (Naulus), voulant venger son fils Palamède, traîtreusement assassiné par Ulysse et Diomède[2], attire les Grecs, à l’aide de feux allumés, sur les rochers de l’Eubée, où il en périt un grand nombre. Son fils Œax (Œaüs) persuade à Ægialée (Egial) de ne pas recevoir son époux Diomède, qui revient avec une autre femme ; mais bientôt elle fait sa paix avec lui, en apprenant qu’il a vengé Énée de ses ennemis, pendant qu’il faisait

  1. Il est déjà mort, tué par Pâris : l’erreur provient de ce que l’auteur suit ici Dictys et non plus Darès. Voir ci-dessous, § 3. p. 204.
  2. Voir ci-dessous, § 3. p. 212.