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CHAPITRE III

LE ROMAN DE LA ROSE[1]


Le Roman de la Rose, commencé, selon toute apparence, entre 1225 et 1230, par Guillaume de Lorris, continué plus de quarante ans après par Jean Clopinel, de Meun-sur-Loire, est un poème de vingt-deux mille vers octosyllabiques, rimant deux à deux. Les quatre mille deux cent soixante-dix premiers environ sont de Guillaume ; le reste est de son continuateur.

Les deux poètes ont des caractères tellement opposés ; ils s’adressent à des publics si différents ; l’esprit, le ton, le sujet réel de leurs vers offrent un tel contraste, que l’œuvre de Jean de Meun apparaît bien plus comme une suite que comme une continuation de l’œuvre de Guillaume. Ce sont en fait deux poèmes distincts réunis dans un même cadre, ou, si l’on veut, deux branches plutôt que deux parties d’un même poème. Nous étudierons donc successivement chacune de ces deux branches.


I. — Première partie du Roman de la Rose.


Guillaume de Lorris. — Tout ce que l’on sait de Guillaume de Lorris se réduit à quelques indications vagues et à quelques conjectures tirées du poème. Le dieu d’Amour, parlant à l’armée

  1. Par M. Ernest Langlois, professeur à la Faculté des lettres de Lille.