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LES ÉCRIVAINS SCIENTIFIQUES

elle avait coinincncé, a été aux yeux de la postérité une raison de plus d’honorer son laiicur si énergique et de rendre entin justice à son iiénie si mal compris de son temps.

II. — Les sciences naturelles : Pierre Belon. La chirurgie : Ambroise Paré.

Pierre Belon. — Tandis que le jLrénie de Palissy s’exerçait à la fois et si puissamment sur tant de points divers, d’autres ouvriers, moins bien doués et moins personnels, travaillèrent avec autant d’ardeur à faire avancer la science en d’autres directions. Si l’étude de la nature avait passionné Palissy, on peut dire que ce qu’il cherchait surtout dans cette observation c’étaient les éléments d’une philosophie générale, et son regard ne s’est pas posé aussi volontiers sur toutes sortes de phénomènes. L’analyse des forces physiques le retient principalement et il se complaît aux métamorphoses géologiques, à l’étude de la matière inerte. D’autres, au contraire, se préoccuperont surtout de l’être vivant, de sa structure et de son organisme, en observeront les éléments constitutifs et essayeront de les déterminer avec précision. Les noms de ces investigateurs contemporains de Palissy doivent figurer justement dans une histoire du développement des sciences. On ne saurait les prononcer dans une histoire de la littérature française, car la plupart écrivirent leurs ouvrages en latin. Le seul qu’il convienne de ne pas oublier ici est celui du Manceau Pierre Belon (1517-1564). En effet, si Belon employa fréquemment, pour exprimer ses idées, la langue qui passait alors pour être celle du savoir, il se servit aussi souvent du français, et son style précis, clair, bien que lourd parfois et manquant de relief, mérite assurément de retenir un instant l’attention sur l’écrivain.

Comme savant, Belon a des idées originales et justes, notamment en anatomie comparée. Il voyagea beaucoup, grâce à la générosité de quelques protecteurs, visita ainsi les principaux états européens et poussa jusqu’en Grèce, en Asie et en Egypte. A son retour, il publia en français la relation scientifique de son