40 LES CONTEURS AU XVP SIECLE
à |HMiie La Fontaine, (jui s’ocrio, non sans nne poinlc de malice ’ :
Les délicats sont malheureux,
Rien ne saurait les satisfaire !
Leur |)oint de vue est diamétraleinent opposé à celui de Fauteur de Pantagruel. Gens de iioùt, ils ne veulent voir qu’une partie des choses, et de ces choses, choisies et mises à part, qu’un seul aspect ; Rahelais, lui, ne choisit point ; il reju’oduit tout ce (pi’il voit, mais la sincéi’ité de sa vision, hien difTérente en cela de notre naturalisme contemporain, n’a nulle pn^férence pour ce qui est ahject ; il admet tout, même le beau, dans l’ensemble, je n’ose dire dans l’unité, de son œuvre, qui nous montre la nature et la société dans leur ajiitation, dans leur pêle-mêle, dans leur grouillement.
Si Rabelais a été si peu et si mal conn)ris de la postérité, à qui demanderons-nous la signification de ses œuvres ?... A ses contem])orains et sui’tout à lui-même. Les contemporains. — L’épitaphe badine que Ronsard lui a consacrée " et une tradition tardive et suspecte ont fait considérer le poète comme l’adversaire du satiricjue. 11 est difficile de se prononcer avec certitude sur <’o point, que nous avons cherché à éclaircir ailleui’s", mais il demeure du moins incontestable ({ue les autres poètes de la lMéiad(^ si soumis à leur chef, donnaient hautement leur approbation à Rabelais. Dans les vers suivants Baïf le cite sans le nommev * : Riez votre soûl : je scay comme
Le rire est le propre de l’homme ;
quant à Du Bellay qui rap[»elle d’ordinaire « le bon Rabelais ^ » ille désig-ne ailleurs ainsi : « celuy qui fait renaître Aristophane et faint si bien le nez de Lucian " », et tout en lui reprocbant . Fables. Il, {.
. Éd. Lemerre, t. VI, p. 253.
. Notice sur Pierre de Bnnsard, Œuvres de P. de Ronsard, éd. Lemerre, t. 1, p. XIX-XXI.
. Éd. Lemerre, t. IH. >. ol.
. Éd. Lemerre, t. il. p. 230.
. T. I, p. Gl.
