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706 LA LANGUE AU XVr SIECLE

attaque sonvont on détail ’, qu’il i»lace, considéré dans son ensemble, au Iroisirine rang-, avec l’italien et l’espacnol derrière lui.

H. Estienne nous conduit, par une transition toute naturelle, aux érudils, qui ont fait du français même l’objet de leurs recherches. Les travaux étymologiques, qui depuis le deuxième tiers du siècle allaient se multipliant, et les études dog-matiques qui furent consacrées à notre idiome sont une preuve suffisante qu’il s’imposait de plus en plus à l’attention ". Chez beaucoup de ces érudits, le çoùt d’étudier notre langue repose sur le désir de la servir. C’est très sensible chez Meigret, quoiqu’il ne s’en explique que brièvement ^, chez Pillot, chez Ramus, chez Abel Mathieu. Ce dernier est un homme sans valeur, et qui eût pu s’appliquer sa propre phrase : « Nous parlons tous, mais tous ne sçauons pas bien de quoy nous parlons », mais ses protestations emphatiques méritent pourtant d’être retenues, comme témoignage des idées qui commençaient à dominer. Parmi les étymologistes, je dois rappeler avant tous Fauchet, dont il a été question antérieurement, et Estienne Pasquier. Non seulement celui-ci a témoigné par ses Recherches de la France, l’intérêt qu’il prenait à la langue à laquelle il a consacré son huitième livre, mais longtemps auparavant, il disputait à ce sujet avec Turnèbe, dans une lettre qui est tout un plaidoyer La fermeté qu’il y montre en refusant de croire « sa langue plus légère et plus faible que les anciennes, sinon de quelques grains », et de l’abandonner pour une si minime infériorité, le mettent en bon rang dans la liste de ses défenseurs. Arts poétiques et poètes. — Rhétoriques. — Orateurs. — ^L Roy a publié récemment " une curieuse lettre de . Voir Conform.. p. 127, 157, lo9, etc.

. Il ne faudrait pas croire toutefois que le fait (ravoir porté de ce côté son observation implique nécessairement chez un écrivain l’estime de notre idiome. Budé, dont nous venons de voir les sentiments, a fait maintes fois de l’étymologie ; Bouelles en a fait aussi, et il a écrit pour démontrer lincurable barbarie du franr-ais. llolman semble également avoir été- tout latin, quoiqu’il ait curieusement établi la part de Tallemand dans nos origines, etc. .3. Gram., p. 2 : >< Or et il qe notre lang’ et aojourdhuy si enrichie par la profession e expérience de’ langes Latin’ e Greci]e, q’il n’çt poît d’art, ne siçnçe si diffiçir ç subtile ne mçme cete tant haote theolojic (qoe q’elle luy soçt deffçndûe, pourtant la peine de la coulpc d’aolruy) dôt elle ne puysse tretler amplemçnt ç çlegamment. »

. C’est la 2" lettre du livre I. t. II. |). 3, des Œuvres, éd. d’Amsterdam, 1723. . Revue d’Histoire lilléraire, II, 233.