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[1203] de la conqueste

trouvérent l’empereur Alexis et l’empereur Isaac son pere, assis en leurs chaires impériales, à costé l’un de l’autre, et prés d’eux l’Imperatrice belle-mere d’Alexis, laquelle estoit sœur du roy de Hongrie, une fort belle et bonne dame, avec si grand nombre de seigneurs de condition, que cette suitte ressentoit bien la cour d’un puissant et riche prince.

112. Conon de Bethune, comme sage et eloquent, porta la parole du consentement des autres, et tint ce discours au jeune Empereur : « Sire, nous sommes icy envoyez vers vous de la part des barons françois et du duc de Venise, pour vous remettre devant les yeux les grands services qu’ils vous ont rendus, comme châcun sçait, et que vous ne pouvez dénier. Vous leur aviez juré, et vostre pere, de tenir les traitez que vous avez fait avec eux, ainsi qu’il paroist par vos patentes, qu’ils ont scellées de vostre grand seau ; ce que vous n’avez fait toutefois, quoy que vous en soyez tenu. Ils vous ont sommé plusieurs fois, et nous vous sommons encores derechef de leur part, en présence de vos barons, que vous ayez à satisfaire aux articles arrestez entre vous et eux : si vous le faites, à la bonne heure, ils auront occasion de se contenter : si au contraire, sçachez que d’ores en avant ils ne vous tiennent ny pour seigneur ny pour amy ; mais vous declarent qu’ils se pourvoieront en toutes les maniéres qu’ils aviseront, et veulent bien vous faire sçavoir qu’ils ne voudroient vous avoir couru sus ny sur aucun autre sans deffy, n’estant pas la coûtume de leur pays d’en user autrement, ny de surprendre aucun, ou faire trahison. C’est donc là le sujet de nostre