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SUR VILLE-HARDOUIN


Les prédications de Foulques ne déterminèrent point Philippe-Auguste à tenter une nouvelle croisade. Malgré l’enthousiasme universel, ce sage prince sentit que l’affermissement du pouvoir royal exigeoit qu’il ne quittât plus la France. Ayant eu à lutter contre de puissans vassaux, il les vit sans peine entreprendre une guerre d’outre-mer ; il excita leur ardeur sans la partager.

Cette ardeur héroïque et religieuse s’étoit surtout répandue dans la jeune cour du comte de Champagne, le plus redoutable des vassaux de la couronne. Au milieu des jeux et des plaisirs on s’y occupait des malheurs de Jérusalem, et l’on faisoit des vœux pour sa délivrance. Blanche étoit vivement touchée de la situation des Chrétiens d’Orient ; Thibaut brûloit de les venger : Ville-Hardouin, regrettant de n’avoir pas pris part à la dernière croisade, désiroit de partager la gloire qu’il croyoit réservée à son jeune maître. Les deux époux donnèrent, à la fin de novembre 1200, un superbe tournoi dans leur château d’Escry : tous les seigneurs de France y furent invités ; ils y arrivèrent en foule ; et l’on y vit surtout briller le comte Louis de Blois et de Chartres, cousin de Thibaut, et du même âge que lui, Eustache de Conflans, et Mathieu de Montmorency. Foulques parut tout à coup au milieu de ces fêtes : à l’instant les amusemens cessèrent, l’enthousiasme s’empara de toutes les âmes, et les seigneurs s’empressèrent de prendre la croix.

Quelques mois après, l’infatigable Foulques se rendit à la cour de Flandre, où régnoient Baudouin et Marie, sœur de Thibaut. Cette princesse, aussi sus-