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de l’empire latin.

compagnoit. Vatace et le roi des Bulgares, qui croyoient que la place alloit capituler, et qui ne s’attendoient pas à une sortie, n’eurent pas le temps de ranger leurs troupes. Brienne profite de leur surprise, les attaque avec fureur, exalte par son exemple l’imagination des Français qui le suivent, porte le désordre dans l’armée ennemie, et la met en déroute. Au même moment, par un bonheur inespéré, la flotte vénitienne arrivoit dans le port, sous les ordres des provéditeurs Léonard Quirini et Marc Cassoni. Elle y trouva la flotte de Vatace, qui n’étoit nullement préparée à se défendre. Un nouveau combat s’engage ; l’infanterie française, malgré les ordres qu’elle avoit reçus de rester dans la ville, en sort avec impétuosité, et seconde les Vénitiens. Les vaisseaux grecs sont en un instant brûlés ou pris. [1235]

Les deux princes ennemis, vaincus contre toute apparence sur terre et sur mer, furent obligés de se retirer. Leur animosité contre les Français n’en devint que plus forte. Ils résolurent de faire une nouvelle expédition l’année suivante.

Pendant cet intervalle de repos, l’Empereur sollicita des secours dans toute la chrétienté. Les Vénitiens, seuls intéressés au maintien de l’Empire latin, à cause de leur commerce et de leurs possessions dans l’Archipel, équipèrent une flotte, dont ils donnèrent le commandement à Jean Michieli. Cette flotte arriva bientôt dans la Propontide ; mais elle étoit inférieure à celle de Vatace et du roi des Bulgares, qui cette fois vouloient attaquer Constantinople par mer. Heureusement Geoffroy de Ville-Hardouin parut tout-à-coup avec six vaisseaux de guerre, montés par trois