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de l’empire latin.

Démétrius, partageoit la captivité de son père. Il l’épousa, et rendit la liberté à Théodore, qui s’occupa bientôt, quoique aveugle, de recouvrer son royaume de Thessalonique. Asan jusqu’alors étoit lié avec Manuel, frère de Théodore, possesseur actuel de ce trône, auquel il avoit autrefois donné sa fille. Son nouvel amour le fit changer de conduite. Il favorisa secrètement les desseins de Théodore. Celui-ci, déguisé en mendiant, entra, sans être reconnu, dans Thessalonique, se découvrit à ceux qui lui étoient restés fidèles ou qui n’aimoient pas le gouvernement de Manuel, forma une conjuration, détrôna son frère, le livra aux Turcs, et renvoya la femme de ce prince au roi des Bulgares son père. Les suites de cette révolution laissèrent respirer les Français. Le sultan d’Attalie, auquel Manuel avoit été livré, eut pitié de lui, et permit qu’il allât trouver Vatace, qui, touché de son sort, lui donna quelques domaines dans la grande Valachie où son frère Constantin possédoit déjà une principauté. Manuel, loin d’être reconnoissant de ce bienfait, se réconcilia peu de temps après avec Théodore, et les trois frères s’unirent aux Français contre Vatace. Telles étoient la légèreté et la perfidie des Grecs du moyen âge.

Cependant Baudouin pressoit en France les préparatifs de la croisade. Espérant obtenir quelques secours de Henri iii, roi d’Angleterre, il partit pour Douvres ; mais il fut arrêté dans cette ville, et le gouverneur lui dit que le Roi s’étonnoit qu’un prince de sa qualité fût entré dans le royaume sans permission. Cet affront, auquel sa foiblesse devoit encore