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décadence

l’exposer, lui fut fait sous le prétexte qu’autrefois Jean de Brienne son beau-père, s’étant trouvé en Palestine avec Philippe-Auguste et Richard, avoit cru devoir se déclarer pour le premier. Si Baudouin eût été puissant, on n’auroit sûrement pas pensé à cet ancien et frivole grief.

Il n’avoit pas encore terminé tous ses préparatifs, lorsqu’il apprit l’état affreux de Constantinople. Alors il prit la résolution d’envoyer devant lui Jean de Béthune, son gouverneur, avec des troupes et des munitions ; mais l’empereur d’Allemagne Frédéric ii, ennemi implacable de son beau-père, arrêta cette petite armée sur les frontières de la Lombardie. Béthune, désespéré de cet obstacle auquel il ne s’étoit pas attendu, alla lui-même trouver Frédéric ; mais, à son grand étonnement, il fut retenu par ce prince, et ne put obtenir sa liberté, même en donnant une rançon. Cependant Frédéric permit aux troupes de se rendre à Venise, où, privées de leurs chefs, elles commencèrent à se débander. Baudouin réclama vainement contre cette violation du droit des gens : il ne reçut d’autre réponse que la proposition avilissante de devenir l’un des vassaux de l’Empire d’Allemagne. Après une longue détention, Béthune obtint enfin la permission d’aller joindre à Venise les troupes qui lui restoient ; mais le chagrin avoit altéré la santé de ce grand homme, dernier soutien de l’Empire latin. Il mourut peu de jours après son arrivée à Venise : alors son armée se dispersa. Quelques aventuriers s’embarquèrent cependant ; les uns allèrent en Morée, et n’osèrent pénétrer plus avant ; quelques