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DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

Il arriva près du camp des Sarrasins, et le surprit au moment où Facardin, leur chef, étoit dans le bain et faisoit peindre sa barbe. Ce général monte à cheval presque nu, veut en vain mettre ses troupes en bataille ; il est tué au milieu du désordre, et le camp tombe au pouvoir des Français, [mardi gras 1250]. Le comte d’Artois, enivré par ce succès, veut marcher aussitôt sur Masoure où les Sarrasins se retiroient. Le grand-maître des Templiers, Guillaume de Sonnac, lui rappelle les promesses qu’il a faites au Roi, et lui fait en vain observer que, n’ayant avec lui que deux mille hommes, il se perdra s’il s’engage plus avant. Le prince irrité lui répond : « Voilà l’esprit perfide des Templiers. On a raison de dire que tout l’Orient seroit conquis depuis long-temps, si vous n’y mettiez obstacle par vos artifices. Vous craignez de voir finir votre domination si ce pays est soumis aux Chrétiens. Vous êtes d’accord avec les Sarrasins. » Le grand-maître, outré de ce reproche injuste, ne s’oppose plus à l’impétuosité du prince. On poursuit les Sarrasins avec acharnement, on entre à leur suite dans Masoure, et le pillage commence. Les Sarrasins s’aperçoivent bientôt du petit nombre de leurs ennemis. Sous les ordres de Bondoctar, simple soldat, qui depuis devint célèbre, ils se rallient, reviennent à la charge, les habitans les secondent, les Français se trouvent coupés ; on se bat à outrance dans les rues, dans les maisons ; et le comte d’Artois est tué, après avoir fait des prodiges de valeur. Louis venoit de passer le Nil lorsqu’il fut instruit du danger de son frère. Il envoya des secours, marcha