Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
TABLEAU

lui-même ; mais il fut repoussé par une multitude de Sarrasins, et son expérience dans la guerre lui fit voir que, s’il avançoit davantage, il seroit coupé de son ancien camp, où se trouvoit encore le duc de Bourgogne avec une partie de l’armée. Il se rapprocha du fleuve, et fut attaqué dans ce mouvement rétrograde. Sa résistance fut héroïque. Il se précipita plusieurs fois au milieu des ennemis, et il obtint tout l’avantage de ce combat.

Ce fut là qu’il apprit la mort de son frère ; ses larmes coulèrent, mais il ne vit en lui qu’un martyr, et sa douleur, adoucie par cette idée, ne le détourna pas des soins qu’il devoit à son armée. Il rétablit, par un pont jeté sur le Nil, ses communications avec le duc de Bourgogne, et attendit une nouvelle attaque de l’ennemi.

Bondoctar, élu général par les Sarrasins, répandit le bruit que le Roi avoit été tué, et fit exposer l’armure du comte d’Artois, qui servit à confirmer cette nouvelle. Ensuite il enveloppa les Français par des troupes innombrables, qui lui étoient venues de toutes les parties de l’Égypte. Malgré le feu grégeois, dont les Sarrasins se servoient et dont les Français n’avoient pas l’usage, malgré la supériorité du nombre, Bondoctar ne put entamer l’armée chrétienne. Le Roi étoit partout, et la victoire le suivoit constamment. Charles d’Anjou, son frère, se trouvant en péril pour s’être trop engagé, Louis vola à son secours, dispersa ceux qui l’entouroient, et parvint à le sauver.

On conseilloit au Roi de retourner à Damiette, et d’y attendre les secours d’Europe. Ce conseil, dicté