Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 1re série, tome 2.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
133
DU RÈGNE DE SAINT LOUIS

à Saint-Amour d’être tombe dans l’exagération, en prétendant que les moines ne doivent tirer aucun salaire de leurs prédications. Il lui prouve que cette opinion est contraire à la parole de Dieu, qui dit que les apôtres doivent vivre de l’Évangile. Il anéantit enfin toutes les calomnies répandues par le docteur. Cette réponse, plus solide et plus suivie, comme l’observe l’abbé Fleury, que la diatribe de Saint-Amour fut suivie d’une autre apologie composée par Bonaventure, et toutes deux relevèrent les réguliers dans l’opinion. Saint-Amour se priva, par son opiniâtreté, des moyens de rendre encore ses talens utiles à la jeunesse, et les moines purent enseigner concurremment avec les séculiers. La modération de leurs deux illustres chefs, qui furent placés depuis au rang des saints, les empêcha d’abuser de la victoire ; et, par esprit de paix, ils cédèrent, dans tous les actes publics, le premier rang aux docteurs séculiers.

C’est à cette année [1260] qu’on peut fixer l’époque de la plus grande prospérité de la France sous le règne de saint Louis. Ses sages réglemens sur les corps de métier avoient eu les résultats les plus heureux. La police qu’il établit dans les jeux et les spectacles publics, rendit le séjour des villes aussi tranquille qu’agréable. Il s’occupa de tracer des grandes routes, de creuser des canaux, pour rendre le commerce plus facile. Le royaume, épuisé par de longues guerres civiles et par les croisades, se repeuploit, et les revenus des domaines de la couronne étoient doublés.

Ce fut dans ce moment de bonheur et de gloire que Louis reçut la plus grande preuve d’estime, de confiance et de respect que jamais des étrangers aient